Contexte
Dans les pays francophones émergents ou en développement, au primaire et au secondaire, des réformes éducatives ont été mises en place qui concernent les programmes d’études intégrant souvent l’approche par les compétences, l’amélioration des méthodes d’enseignement, l’intégration des langues nationales et l’usage des technologies éducatives. Le Programme d’Analyse des Systèmes Éducatifs de la Confemen (PASEC) dans son rapport de 2019, indique toutefois un décalage entre la formation et les conditions réelles d’enseignement : « La mise en cohérence de la formation des enseignants et de l’éducation telle qu’elle se pratique au niveau de l’éducation de base demeure un défi à relever dans presque tous les pays subsahariens francophones ». Ce portrait ne reflète cependant pas l’image de la totalité des pays francophones ; nombre d’entre eux affichent, une évolution positive de leurs indicateurs de performances dans l’éducation. Les expériences partagées entre pays francophones devraient permettre d'enrichir le débat et d'approfondir la compréhension de la question enseignante et de la formation des enseignants.
De nombreux pays sont confrontés à un double défi : celui d’augmenter le nombre d’enseignants tout en améliorant leurs compétences professionnelles ; quel que soit le niveau du système éducatif. Au niveau universitaire la formation des enseignants à la pédagogie universitaire et pas seulement à la recherche, est aujourd’hui largement questionnée. Des dispositifs sont mis en place pour préparer les docteurs à l’enseignement qui mériteraient d’être comparés et discutés. Classe inversée ou renversée, travail collaboratif, formation à distance, usage pédagogique des réseaux sociaux, classe virtuelle et usage des TICE en général font l’objet dans certains établissements d’une pratique active, d’autres ont besoin d’y réfléchir et d’expérimenter ; un partage des pratiques est nécessaire.
Dans le cadre de la mise en place d’une nouvelle architecture de l’enseignement supérieur en 3 niveaux LMD et de la nécessité d’intégrer les questions liées à l’employabilité des jeunes diplômés, l’approche par compétence constitue, par exemple, une nouvelle manière de conduire une transformation pédagogique au sein des cursus de formation. Des expériences significatives sont menées dans des contextes très différents. Elles gagneraient à être davantage étudiées et partagées au sein de l’espace francophone.
La valeur ajoutée d’un réseau universitaire de l’innovation pédagogique de la formation des enseignants et des sciences de l’éducation
Le réseau devrait permettre de susciter des partenariats forts aux niveaux sous-régional et international autour de l’innovation pédagogique, de la formation des personnels d’enseignement, de l’encadrement et de la recherche en éducation. En ce qui concerne particulièrement ce dernier aspect, il convient de relever la présence d’expertises élevées dans tous les pays mais bien souvent sans effets structurants pour le développement des capacités nationales en matière de recherche. Il s’agit là aussi d’un défi important que le réseau pourrait contribuer à relever.
Ce réseau est cohérent avec la cible 4c de l’objectif de développement durable 4 (ODD 4) de l’agenda 2030 du développement durable du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ainsi formulée : « d’ici à 2030, accroître considérablement le nombre d’enseignants qualifiés notamment au moyen de la coopération internationale pour la formation d’enseignants dans les pays en développement, surtout dans les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement ».
En lien avec la politique de soutien à la création de réseaux universitaires de l’AUF, ce nouveau réseau permettrait par ailleurs de capitaliser sur les actions menées dans des programmes francophones d’appui à la qualité de l’Éducation qui y verraient un intérêt (Programme APPRENDRE, Programme IFADEM, Programme ELAN, PASEC, KIX, etc) :
- Capitalisation du vivier d’expertise francophone en éducation mobilisé,
- Capitalisation des outils produits, des innovations et de la dynamique collaborative mise en place,
- Capitalisation des données et des résultats de la recherche,
- Diffusion d’informations et d’opportunités.
Missions du réseau
Le réseau universitaire de l’innovation pédagogique de la formation des enseignants et des sciences de l’éducation aura pour principales missions d’/de :
- Affirmer une communauté aux objectifs éducatifs partagés (éducation émancipatrice, partage de valeurs, ouverture sur le monde, …) ;
- Contribuer à la reconnaissance du rôle des enseignants, formateurs et chercheurs en éducation, et agir pour la qualité de leur formation initiale (de haut niveau universitaire et professionnel) et tout au long de la vie. Ce qui pourrait contribuer à renforcer l’attractivité des métiers de la formation de formateurs, une problématique commune à de nombreux pays francophones ;
- Partager des expériences et pratiques en matière d’innovation pédagogique ;
- Conduire des projets structurants et des événements scientifiques internationaux (sur les pratiques pédagogiques, sur l’apport de la recherche dans la formation, sur les modèles d’hybridation de la formation initiale et continue …).
Objectifs
Les finalités de ce nouveau réseau sont les suivantes :
- Construire une communauté de pratique professionnelle, dans le champ de l’éducation et de la formation, de la pédagogie universitaire, de l’innovation, de la formation des enseignants ;
- Établir des cartographies nationales et sous régionales sur les capacités des Etats en matière de formation d’enseignants et en recherche en éducation ;
- Contribuer à l’amélioration de la formation des enseignants et des formateurs, tout niveau du système éducatif confondu ;
- Accompagner le pilotage des systèmes éducatifs et le renforcement des institutions de formation ;
- Constituer un vivier d’experts francophones susceptibles d’être mobilisés pour répondre à des demandes des systèmes éducatifs ;
- Développer une recherche en éducation francophone de qualité et l’accès à des données probantes.